Vue de France, Liverpool est une ville qui fait rêver beaucoup de monde pour au moins deux raisons : elle est le berceau des Beatles, et l’un de ses deux clubs de foot (Liverpool FC) est une des équipes les plus populaires du monde. Mais derrière ce vernis, cette grande ville du Merseyside abrite une réalité sociale extrêmement dure, car elle est l’une des plus pauvres du pays (la désindustrialisation et Margaret Thatcher sont passés par là). C’est dans ce contexte très difficile que travaille Chris Carson, un flic assigné de surcroît aux patrouilles nocturnes. En proie à de sérieux démons, ce personnage bourru a déjà été rétrogradé au sein de la police, mais il n’a pas encore touché le fond. Hanté par un traumatisme d’enfance et rendu fou par les urgences qu’il doit gérer chaque nuit dans les quartiers délaissés de Liverpool, Chris peut dégoupiller à tout moment.
Et ce ne sont pas ses difficultés familiales ni ses accointances avec un dealer du coin menaçant sa carrière qui vont améliorer son sommeil, ni ses séances de thérapie où il semble aussi à l’aise qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Insérées au milieu des interventions musclées de Chris, ces scènes d’introspection sont néanmoins décisives pour comprendre ce personnage ambivalent, dépassé par un quotidien très stressant, et qui a le plus grand mal à gérer ses accès de colère dans son travail. Soupçonné d’être corrompu et violent, il est assis sur un siège éjectable, et on lui colle d’ailleurs une équipière débutante (Adelayo Adedayo) dont la rectitude morale risque de créer quelques tensions avec sa pratique très personnelle du métier de flic. Mais ce duo improbable n’a pas d’autre choix que de cohabiter et collaborer, et c’est avec une fébrilité certaine qu’on les suit dans les rues de Liverpool, au fil de cinq épisodes dont la tension ne redescend jamais vraiment.
Mais surtout, The Responder ne ressemble à aucune autre série policière, britannique ou non. Peut-être parce que son créateur et scénariste (Tony Schumacher) est comme Olivier Marchal (Braquo sur CANAL+) un ancien flic, et qu’il s’est inspiré de ses années dans la police de Liverpool pour imaginer cette intrigue dont la noirceur et le réalisme détonnent dans le paysage des « cop shows ». Mais si la série se distingue par la subtilité de son écriture, elle est amenée dans une autre dimension par son interprète principal, l’irrésistible Martin Freeman.
Utilisé ici à contre-emploi, l’acteur britannique qui collectionne déjà les rôles culte à la télévision (The Office, Sherlock, Fargo…) livre une partition dramatique d’une densité folle, mais où son goût pour l’humour noir se fraye tout de même un chemin. Au moment où il fait son retour dans la peau d'un père totalement dépassé pour la troisième saison de Breeders (CANAL+), l’étendue de sa palette d’acteur laisse rêveur. Au casting, les fans de The Witcher (Netflix) reconnaîtront aussi MyAnna Buring, ici côtoyée par Warren Brown, ancien d’une grande série policière de la BBC, Luther. On ne sait pas encore si The Responder connaîtra un destin aussi brillant, mais elle est plutôt bien partie : elle a déjà été renouvelée pour une deuxième saison.
The Responder épisodes 1 à 5, disponibles le 9 mai sur CANAL+.
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