« Leclerc Ville partout… Mort des petits commerces de proximité et des librairies », « Encore une mauvaise nouvelle pour les indépendants » mais aussi « Parfait ça ! Si ça peut éviter d’aller jusqu’à Quimper ! » et « Très bonnes nouvelles ! Pont-l’Abbé se développe un peu »…
Posté la semaine dernière sur notre page Facebook, l’article consacré au projet d’implantation d’un Espace Culturel E. Leclerc a suscité de nombreuses réactions, souvent clivantes. Le dossier sera examiné à Quimper mercredi en Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC). La veille, mardi soir, les élus de l’opposition ont prévu d’interpeller le maire, Stéphane Le Doaré, sur la question lors du conseil municipal. Ce dernier siégera à la CDAC. Sa voix pèsera.
Du côté de la librairie Guillemot, installée place de la République depuis 1996, on a décidé de ne pas attendre. Les propriétaires, Thierry et Chantal Guillemot, sortent de leur réserve. « Redynamiser le cœur des villes est devenu une priorité pour toutes les municipalités, quelle que soit l’importance des agglomérations. Pont-l’Abbé ne fait pas exception. La nouvelle équipe municipale s’est dite préoccupée par ce problème, affirmant vouloir faire front et stimuler le centre-ville, face au recul de sa vitalité commerciale, mal vécue par ses habitants. Plusieurs raisons justifient ce déclin. Loin devant l’e-commerce, l’agrandissement important et rapide de la grande surface en périphérie, est générateur des difficultés en centre-ville », explique le couple qui emploie neuf salariés.
Ils ajoutent : « Rares sont les petites villes françaises qui ont la chance d’avoir une librairie comme celle de Pont-l’Abbé, qui œuvre au rayonnement de la ville. Un pareil atout, fruit de 25 ans d’efforts et d’investissements, d’une fidélité sans défaut de la population locale, des bibliothèques, des écoles, des salons, peut, sinon, disparaître, du moins être cisaillée par l’implantation absurde d’une grande surface culturelle. Faisant fi de toutes promesses électorales de préserver le commerce de ville, pourquoi vouloir accorder une autorisation d’implantation d’une structure de près de 1 400 m2, soit quatre fois la surface de notre magasin ? », s’interrogent-ils.
Dans nos colonnes, le 1er décembre dernier, Arnaud Noël, gérant de l’hypermarché, expliquait son but : « Limiter l’évasion commerciale vers Quimper et surtout vers internet. Nous avons besoin d’un commerce physique comme celui-là pour pouvoir se défendre face à Amazon ».
Les Guillemot estiment eux que « la pandémie que nous subissons a démontré l’attachement des citoyens pour leurs commerces traditionnels. À leur réouverture, les Pont-l’Abbistes sont revenus dans leurs magasins du centre-ville en s’affirmant solidaires. Ces mêmes habitants parlent aussi de leur boulanger, leur libraire. Parlent-ils de la même manière d’une grande surface que de leur librairie, avec une intimité si affective ? Il existe un lien indéfectible pour beaucoup de citoyens avec leurs commerçants. Casser ce lien précieux serait une erreur des élus vis-à-vis de leurs électeurs. Ils n’ont pas les mains liées, c’est la décision qu’ils prendront lors de la CDAC qui décidera de l’avenir d’une librairie indépendante, ambitieuse à Pont-l’Abbé, et au-delà, d’une culture de qualité, d’un dynamisme de proximité et surtout d’un bien vivre au quotidien ».